Déléguer : Des frais pas toujours transparents

En déléguant la gestion de son épargne à un intermédiaire, un investisseur s'épargne beaucoup de soucis et pas mal d'heures de recherche et de réflexion. En fait, il transfère ces travaux à un autre, qui en fait son métier. Celui-ci doit être rétribué pour cela.

Aujourd'hui, il y a deux façons de rétribuer ces conseillers. Une façon transparente et contrôlable et une autre, qui n'est ni transparente, ni contrôlable. Bien entendu, la plus commune, c'est la seconde.

Commençons par la plus rare. C'est celle qu'ont choisi certains conseillers en gestion de patrimoine et quelques banquiers très haut de gamme : c'est la facturation des honoraires. Leur client s'est au préalable mis d'accord avec eux sur le degré d'implication qu'il souhaite de leur part et l'étendue de leurs prestations (fiscalité, transmission, conseil et suivi, sélection, etc).

Ces professionnels effectuent ensuite ces prestations, au fil de l'eau, comme le ferait un avocat, un expert-comptable ou un notaire, et présentent la facture à leurs clients, qui la règlent. Ces intermédiaires n'ont alors aucun intérêt à proposer telle solution plutôt que telle autre, tel produit plutôt que tel autre. Leur rémunération n'en dépend pas. Il ne peut pas avoir, dans ce cas, de conflit d'intérêt.

Gratuit, mais très coûteux !

Parlons maintenant de la rémunération la plus courante, celle qui consiste à gérer « gratuitement » en apparence, mais à se faire rémunérer autrement. C'est celle qu'utilisent les banquiers, les assureurs et une grande partie des Conseils en gestion de patrimoine indépendants. Elle consiste à se faire « rétrocéder » une partie des frais d'entrée ou de gestion du produit ou du service qui est souscrit par le client ou pour le compte de celui-ci. La manoeuvre n'aurait rien de choquant si la rémunération était la même quel que soit le produit ou le fournisseur.

Le hic, c'est que cette rémunération peut varier fortement selon les produits et conduire les « conseillers » à donner des conseils... intéressés. En effet, un conseiller qui va pousser par exemple un épargnant à réaliser un investissement immobilier défiscalisant va toucher trois fois : une fois sur la vente de l'appartement (comme apporteur d'affaires), une autre fois par la compagnie qui va fournir l'assurance-emprunteur et une troisième fois, s'il fait par exemple, un crédit in-fine, par la compagnie qui va monter le dossier.

On comprend mieux dans ces conditions l'empressement de certains à faire acheter de la pierre. Dans les produits financiers, les contrats de prévoyance et les contrats Retraite, qui impliquent de la part du client un effort d'épargne long et régulier, rapportent beaucoup plus aux conseillers que les contrats d'assurance vie en euros et les PEA, qui ne sont bloqués que 5 ans et peuvent être ouverts à des fonds de maisons de gestion peu généreuses avec les intermédiaires.

Une réglementation qui change

La réglementation est en train de changer et d'ici quelques mois, il est prévu que les intermédiaires devront, avant de faire souscrire un produit d'épargne, prévenir leur client de la façon dont ils sont rémunérés. Hélas ce dispositif ne s'appliquerait qu'aux indépendants.

Or cette rémunération cachée est aussi appliquée sur les conseillers des banques et des compagnies d'assurance. Ceux-ci ne sont pas forcément rémunérés en billets de banque, mais en points, qui leur donnent ensuite droit à des bonus de fin d'année, à des cadeaux ou à des voyages gratuits !

Ces frais de conseils s'ajoutent à toute une foule de frais peu visibles : frais de transaction, frais « de garde », droits d'entrée, frais de gestion... Ils ont tendance à s'empiler et à grignoter la performance. Essayez de décortiquer la grille tarifaire de votre banque et vous comprendrez !

Le saviez-vous ?

Lorsque vous confiez votre épargne à un gestionnaire, vous devez surveiller plusieurs postes, générateurs de frais élevés et pas toujours nécessaires. Parmi ceux-ci, il y a les frais de courtage et le taux de rotation du portefeuille (combien d'achats et de vente ont été réalisés dans l'année). Puis les honoraires perçus au titre du mandat de gestion proprement dit et enfin les droits de garde. A noter que certains établissements proposent aussi une rémunération à la performance.

Certains la poussent jusqu'au bout et la proposent sans minimum. En cas de performance nulle ou négative, dans ce cas, ils n'ont droit à rien. Un juste retour des choses, non ? Dommage que cette règle soit l'exception... 

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